BRETAGNE JUDO
 28 Août 2025 

Au cœur du Judo Breton #4 - Didier Le Saux

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Au cœur du Judo Breton #4

Didier Le Saux


Le judo fait grandir Didier Le Saux, judoka exemplaire par son engagement dans le judo, est aujourd’hui au rendez-vous ! Il fêtera cette année ses 25 années d’investissement au sein de la Ligue de Bretagne.

Parcours


Q: Peux-tu te présenter en quelques mots ? (Parcours, rôle dans le judo, lien avec la Bretagne)
R: À l’origine, je souhaitais devenir professeur de judo, mais une hernie discale m’a contraint à changer de voie. Je me suis alors tourné vers l’administratif, un domaine dans lequel je me suis pleinement investi.

J’ai été président de club, secrétaire du comité du Morbihan, puis secrétaire de la Ligue de Bretagne. J’ai également exercé pendant quatre ans la fonction de vice-président départemental, et je suis aujourd’hui membre de la commission des récompenses de la Ligue.

Q: Comment as-tu découvert le judo et qu’est-ce qui t’a attiré ?
R: J’ai découvert le judo grâce à mon frère qui en pratiquait déjà. À l’époque, je faisais du football, mais mon père avait du mal à suivre les deux activités. On m’a alors proposé d’essayer le judo, mon père trouvait que c'était plus discipliné que le football. J’ai commencé le judo à 15 ans, au Foyer Laïque de Lanester, puis j’ai rejoint l’Amical Judo du Morbihan. J’ai également été président du club de Lanester pendant 4 ans, avant de devenir président de l’Amical Judo Morbihan en 2005.


Q: Quels sont les professeurs qui t'on le plus marqué, et pourquoi ?
R: Plusieurs professeurs m’ont particulièrement marqué au fil des années, évidement il y a Michel Pater, mon premier professeur, était un bénévole passionné qui m’a beaucoup transmis. Joel Boucher, avec qui je suis toujours ami, et j'ai aussi une pensée à Laurent Commanay, qui a été conseiller technique régional de la Ligue.


Q: Comment votre vision du judo a-t-elle évolué au fil des années ?
R: Au fur et à mesure que l’on progresse dans les grades, on découvre le judo sous un autre angle. Cependant, ma vision actuelle est un peu critique : j’ai l’impression que la pratique s’est quelque peu dégradée. On ne met plus assez l’accent sur l’apprentissage solide des bases, comme les chutes ou les techniques fondamentales. Aujourd’hui, l’accent est souvent mis sur la compétition. Bien que je ne sois pas entraîneur, j'observe beaucoup, et je trouve que certains enseignants privilégient trop la compétition, cherchant avant tout à former des compétiteurs plutôt que des judokas.

Pratique


Q: Qu'es ce que tu aimes dans le judo ?
R: Ce que j’aime dans le judo, c’est d’abord l’ambiance et la discipline. J’apprécie aussi les techniques, une manière particulière de bouger et de tomber, et le fait qu’on y apprend un langage différent. Le judo enseigne la modestie, l’amitié, et bien plus encore. C’est une discipline qui transmet de nombreuses valeurs qu’on ne retrouve pas forcément dans d’autres sports.


Q: Qu'es ce que tu n'aime pas dans le judo ?
R: Ce que je n’aime pas dans le judo aujourd’hui, c’est la manière dont il est souvent enseigné. On cherche trop à faire des champions plutôt que des judokas. En tant qu’arbitre départemental, régional, et ayant officié au niveau national, je constate de plus en plus de blessures dues au fait que beaucoup ne savent pas bien chuter. Avant, les compétiteurs maîtrisaient aussi bien l’art de faire tomber que celui de tomber eux-mêmes. Evidement, ce n’est pas vrai pour tous, mais ce constat revient souvent chez les jeunes enseignants.


Q: Quelle est ta (ou tes) technique favorite ?
R: C'était tomoe-nage et taï-otoshi

Évolution du judo


Q: Quelle image, selon vous, le judo breton renvoie-t-il au reste de la France ?
R: La Bretagne a toujours eu une belle réputation dans le judo, avec plusieurs bons judokas qui sont passés par la région. Même si la dynamique actuelle semble un peu moins forte, notre territoire a su former des talents reconnus. Par exemple, David Douillet est venu en Bretagne, au Pôle Espoir de Rennes.


Q: Comment favoriser la fidélisation des jeunes au judo dans un monde où les loisirs sont très diversifiés ?
R: Le judo continue de bien se maintenir parmi les activités proposées aux jeunes, notamment grâce à la ceinture noire, qui leur donne un objectif concret et motivant. Ensuite, il est important de leur ouvrir d’autres horizons au sein du judo : arbitrage, kata, taiso, jujitsu... Il y a vraiment de quoi diversifier leur pratique et je pense que c'est important.


Q: Comment la ligue a-t-elle évolué depuis vos débuts ?
R: Sous la direction d’Yvon Cléguer, la Ligue a beaucoup évolué. C’est grâce à cette personne que les départements et la Ligue ont été bien structurés. Quand la Bretagne se présentait en national c'était un groupe unis, les départements et la région. D'autres Ligues nous enviaient sur ce point.

Questions personnalisées


Q: Peut on sereinement vivre du judo aujourd'hui ?
R: Jusqu’à présent, oui, mais cela devient de plus en plus difficile. La concurrence s’est accrue avec l’émergence d’autres disciplines comme le MMA ou le JJB. Aujourd’hui, il existe un panel beaucoup plus large de sports et d’activités qu’avant, ce qui complexifie la situation.


Q: Comment percevez vous l’équilibre actuel entre les enjeux financiers et les missions culturelles ou éducatives dans les fédérations, ligues et comités ?
R: C'est de plus en plus difficile. L’État se désengage progressivement du sport, malgré de nombreuses promesses faites avant et les Jeux Olympiques. On constate que la situation économique de la France n'est pas au beau fixe et cela impacte le sport. La perte de licenciés complique encore la situation.

En plus, recruter des bénévoles comme président, trésorier ou secrétaire est de plus en plus dur. Beaucoup acceptent de s’engager ponctuellement, par exemple pour un championnat de France, mais un engagement sur le long terme est beaucoup plus difficile à obtenir.

Pour l’instant, les enjeux financiers ne prennent pas encore le pas sur les objectifs culturels et éducatifs, mais cela pourrait arriver. Personnellement, j’ai mis deux ans à trouver un remplaçant pour la présidence, ce qui illustre bien la difficulté à assurer la relève.

Conclusion


Q: As-tu une anecdote marquante à partager sur ton parcours dans le judo ?
R: Je me souviens d’une anecdote à Lanester avec Michel Pater. On avait mis en place un jumelage avec un club de police allemand. La première fois qu’on s’est rencontrés, on avait une équipe de 11 ceintures noires françaises, et eux, seulement des ceintures de couleur. Eh ben, on a perdu 11-0 !


Q: Si tu devais décrire le judo en une phrase, quelle sera-t-elle ?
R: le judo fait grandir


Q: Si tu avais un livre à conseiller ?
R: Le livre Entraînement cognitif et analyse de l'activité de Patrick Roux propose une description très complète du judo dans son ensemble. C’est un ouvrage que je trouve particulièrement intéressant, à la fois sur le plan technique, stratégique et mental.


Q: Quelle personne sera la prochaine à être interviewée ?
R: Stéphane Barras, qui s’est beaucoup donné pour le judo et qui en donne encore beaucoup aujourd’hui.



Merci pour votre lecture et à très bientôt !
Interview réalisée par Simon Rebours

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